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Appel à communications

« Identités plurielles » 

L'objectif de cette première Journée doctorale Grand Est est de rassembler les doctorants menant des recherches autour des questions identitaires et de susciter des débats interdisciplinaires en Sciences Humaines et Sociales. La question des identités intéresse en effet toutes les disciplines des SHS, de la psychologie à la géographie, en passant par la sociologie, l’histoire, les sciences de l’éducation, les sciences de l’information et de la communication, les STAPS, les sciences de l’Antiquité, la philosophie ou la science politique.

Mais cette notion dépasse également largement les SHS pour s’inviter dans les débats politiques et dans ceux de la société civile.

 

Banalisée à outrance et atteinte de surcharge sémantique, la notion d’identité peut pourtant facilement mener à une forme de vacuité conceptuelle en sciences humaines et sociales. Comme le souligne Brubaker (2001), il n’est pas illégitime de se demander si les sciences sociales n’auraient pas capitulé devant le mot « identité ». En effet, celui-ci signifie trop, quand on l’entend au sens fort ; trop peu, quand on l’entend au sens faible ou ne signifie rien du tout, en raison de son ambiguïté intrinsèque.

 

Dès le XVIIe siècle, les philosophes se posent pourtant la question de l’identité personnelle. Selon le philosophe anglais John Locke, parce qu’une personne est constituée par la conscience qu’elle a d’elle- même, la mémoire joue un rôle capital dans la préservation de son identité. AuXIXe siècle,Georg Wilhelm Friedrich Hegel a déplacé la question de l’identité dans le champ des rapports sociaux. L’identité résulte alors de la reconnaissance réciproque du moi et de l’autre, elle naît d’un processus conflictuel où se construisent des interactions individuelles, des pratiques sociales objectives et subjectives. La question de l’identité s’enrichit au xxe siècle grâce à son développement dans les divers champs de la connaissance.

 

La psychologie met l’accent sur l’individu, à la manière d’Erikson qui, en 1972, conçoit l’identité comme un « sentiment subjectif et tonique d'une unité personnelle et d'une continuité temporelle ». Cette approche n’est pas sans rappeler la théorie psychanalytique pour laquelle l’identité est à construire par un processus diachronique de construction et d’appropriation corporelle et psychique qui doit nécessairement en passer par l’autre duquel il faudra se dégager par la suite, pour inventer une identité propre et continue. Cette identité sera amenée à se renouveler lors des expériences de la vie, et cela n’est pas sans questionner les rapports entre identité et psychopathologie. L’identité personnelle est un processus qui résulte d’une construction progressive dont les fondations se situent dans les toutes premières années de la vie et qui sera amené à évoluer de manière dynamique tout au long de l’existence. Notre identité puise donc également ses sources dans le contact et l’interaction avec autrui, ajoutant à nos caractéristiques individuelles des caractéristiques collectives reflétant notre rapport à la société et aux autres. Ainsi, en psychologie sociale, Tajfel (1972) définit l’identité sociale d’une personne comme étant la conscience de son appartenance à certains groupes sociaux, et de l’évaluation sociétale dont ces groupes font l’objet.

 

Plus généralement, depuis son introduction en sciences sociales dans les années 1950 aux États- Unis, le concept d’identité s’est largement diffusé dans le monde des SHS mais également dans le discours public. Au-delà de la psychologie, c’est également la sociologie qui contribue à populariser la terminologie de l’identité. Progressivement, le terme d’identité s’impose dans le vocabulaire tant journalistique qu’académique et s’introduit dans le langage de la pratique sociale et politique, en lien avec le développement des revendications identitaires aux États-Unis. Ce phénomène se traduit par la création de départements relatifs aux identités minoritaires au sein des universités américaines et par son prolongement : l’utilisation croissante du concept d’identité dans d’autres domaines de la recherche et dans l’ensemble des pays occidentaux.

 

Dans la tradition sociologique française l’identité des personnes a longtemps été associée à leur classe sociale. Néanmoins, à partir des années 1990, les chercheurs en sciences sociales ont de plus en plus recours à la notion d’identité au pluriel, qui renvoie à des croisements et des affirmations identitaires bien plus larges : elle exprime en même temps la singularité individuelle et l’appartenance à des « catégories sociales » (familiales, sexuelles, locales, ethniques, sociales, idéologiques, religieuses...) et des institutions dont chacun tire certaines de ses caractéristiques identitaires. De ce fait, on observe désormais une présence envahissante de la question de l’identité dans de nombreux travaux qui se sont fait obligation d’en traiter les modes d’expression et les formes particulières.

Ainsi, l’identité est prise dans une série de tensions : entre similitude et différence ; objectivité et subjectivité ; individuel et collectif ; permanence, contextualité et transformation. Suivant les approches choisies, la notion d’identité tend à désigner des objets ou des propriétés très différents. Pour autant, nombreux sont les chercheurs en SHS qui ne veulent pas renoncer à un concept dont la difficulté d’approche ne fait jamais que refléter la complexité du phénomène dont il cherche à rendre compte, à savoir l’imbrication du personnel et du social dans le développement de la personnalité et l’explication des comportements humains. Qu’elle soit personnelle, collective, locale ou nationale, l’identité recouvre des attachements multiples. Dès lors, en se situant dans une perspective pluridisciplinaire, il semble préférable de parler des identités au pluriel en les situant dans des contextes définis, qu’ils soient historiques, géographiques, sociétaux, culturels, politiques, idéologiques.

 

 

La Journée d’études « Identités plurielles » entend interroger ce pluralisme dans les disciplines des SHS à partir des recherches en cours des doctorants des Ecoles doctorales du Grand Est. Les communications retenues présenteront des travaux en SHS ayant décliné la notion d’identité dans des domaines et sur des terrains très différents. Montrant la fécondité des approches en terme d’identité, les doctorants apporteront un éclairage original sur leur objet, qu’il s’agisse de l’identité comme rapport à soi et rapport aux autres, des identités nationales et régionales, sociales, religieuses ou de genre, des constructions, productions et transformations identitaires. 

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Date limite de retour des propositions de communication :


Le 19 février 2018 accompagnées obligatoirement d’un résumé de 2 500 signes (espaces compris) (maximum : tous les textes d’une taille supérieure seront écartés) précisant le titre, l’unité de recherche et l’université de rattachement et le contenu de l’exposé projeté.

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Le texte proposé devra être transmis par mail à : journeedoctoraleshsest@gmail.com

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