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Appel à communication

3ème Journée doctorale Grand Est en SHS

“ Le travail d’hier, d’aujourd’hui… et de demain”

Les sociologues Georges Friedmann et Pierre Naville (1961-1962) ont érigé dans leur traité le travail en élément ordonnateur des sociétés, l’étudiant essentiellement sous sa forme salariée. La centralité du travail déjà pointée par Karl Marx (1994 [1857]) qui le considérait comme un rapport social fondamental mettant en branle la totalité de la société et de ses institutions sera mise en question par de nombreuses thèses soutenant la fin des sociétés fondées sur le travail.

Les récentes enquêtes montrent d’ailleurs que si les individus accordent toujours une grande importance au travail, ils/elles le situent derrière d’autres valeurs comme la famille et souhaitent le voir prendre moins de place dans leur vie (Méda, Vendramin, 2013). Le rapport au travail a donc changé même si les attentes à son égard sont toujours aussi fortes. Les tensions au travail où tout à la fois s’exerce le rapport de domination et où s’expérimente la lutte pour l’émancipation (Dejours, 2009) se manifestent avec d’autant plus d’acuité aujourd’hui que le travail ne serait plus en mesure de remplir ses fonctions économiques, sociales, psychologiques, symboliques, juridiques et/ou politiques. Et si comme Janus, le travail a bien deux visages avec, d’un côté la servitude et la souffrance, et de l’autre, la libération et la réussite, ce serait davantage le premier que la crise contemporaine du travail révèlerait en touchant au registre du faire, de l’avoir et de l’être : « une activité dévalorisée, non reconnue ou qui perd son sens ; des rétributions qui ne sont pas ou plus à la hauteur des contributions attendues ; une vulnérabilité identitaire qui provoque un manque à être (…) » (de Gaulejac, 2011, p. 27).

Pour saisir la réalité de cette crise, la troisième journée doctorale Grand Est en SHS propose de revenir à la question du travail et de ses mutations. Les disciplines des SHS – la philosophie, l’histoire, le droit, la géographie, la psychologie, la sociologie, la littérature, les sciences du langage, la science politique, les sciences de l’éducation et de la formation… – se sont attachées, chacune à leur manière, à comprendre les collectivités humaines qui se constituent à l’occasion du travail et ont fourni des analyses qui permettent de penser le travail d’hier, d’aujourd’hui et de demain.

Si l’étymologie du terme travail – tripalus ou tripalium – renvoie aux trois poteaux pour immobiliser l’animal à ferrer et l’assimile à la peine, à la souffrance – une représentation négative du travail qui culminera jusque dans la thèse de Hannah Arendt (1961) qui oppose l’animal laborans qui travaille pour subvenir à ses besoins vitaux de l’homo faber qui œuvre pour participer au monde commun –, de nombreuses pensées du travail emprunteront une approche beaucoup plus dialectique soulignant son ambivalence intrinsèque, entre hétéronomie et autonomie. La philosophie et l’économie participeront à revaloriser le travail dès le XVIIe siècle, mais c’est surtout la science du travail qui émerge à la fin du XIXe qui transformera la perception de ce dernier, célébrant l’énergie déployée du corps travaillant (Rabinbach, 2004). Mais tout en louant la puissance énergétique du travail humain, elle découvre également son envers : la fatigue. La question de « la souffrance au travail » qui occupe le devant de la scène des débats sociaux aujourd’hui n’est pas sans rappeler les problèmes croissants de la neurasthénie et de la fatigue qui se posaient à la fin du XIXe siècle. Les sciences établies du travail aujourd’hui, par l’intermédiaire de ses philosophes, ergonomes, psychologues et sociologues ne (ré)affirment-elles pas la centralité du travail et des fonctions qu’il remplit mais tout en révélant dans le même temps l’expression de la crise qu’il traverse : la souffrance ?

Plus qu’aux symptômes, la journée doctorale Grand Est en SHS s’intéressera aux formes de mise au travail, anciennes et nouvelles mais aussi réfléchira, dans une perspective plus prospective, à celles à venir. La région Grand Est livre d’ailleurs des terrains d’enquête variés et pertinents pour interroger les dynamiques de travail liées à la tertiarisation de l’économie et la transformation du marché du travail. Les communications pourront porter sur les dimensions technologiques, communicationnelles, organisationnelles, managériales, gestionnaires, etc. qui ont bouleversé ou bouleversent le travail. Elles pourront traiter également des tendances lourdes d’évolution du travail engagées par la robotisation, la transformation numérique, la plate-formisation ou ubérisation du travail… Comment la robotique, la cobotique, l’intelligence artificielle… changent-elles le travail ? Quelles sont les formes et pratiques de travail médiées par les plateformes numériques ? Quelles sont les conséquences pour les métiers et qualifications d’aujourd’hui ? Quelles sont les formations et compétences nécessaires pour les métiers de demain ? Les évolutions s’accompagnent-elles de nouveaux modes d’organisation et de management du travail ? Quels types de régulations du travail disparaissent et quels autres apparaissent ? Quelles sont les nouvelles protections pour les travailleurs du XXIe siècle ? Quelle place pour le travail dans les sociétés modernes ?

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Axes de recherche
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Toutes les propositions doivent rester dans le champ thématique des espaces et des territoires quel que soit le domaine disciplinaire de leur observation et de leur analyse.

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Dans cette perspective, et de manière non limitative, plusieurs axes de réflexion sont possibles :

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  • Autour des différentes conceptions, représentations, récits du travail d’hier, d’aujourd’hui et de demain ; 

  • Autour de l’ambivalence intrinsèque du travail dans ses formes anciennes ou nouvelles : entre hétéronomie et autonomie, entre domination et émancipation ; 

  • Autour des évolutions et mutations du travail et de leurs conséquences sur les expériences et identités professionnelles…

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Bibliographie indicative
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Arendt H., 1961, Condition de l’homme moderne, Paris, Presses Pocket.

 

Dejours C., 2009, Travail vivant, Paris, Payot, deux volumes.

 

Friedmann G., Naville P., 1961-1962, Traité de sociologie du travail, Paris, Armand Colin, deux volumes. de Gaulejac V., 2011, Travail, les raisons de la colère, Paris, La Découverte.

 

Marx K., 1994 [1857], Philosophie [Introduction générale à la critique de l’économie politique], Paris, Gallimard (édition établie et annotée par Maximilien Rubel).

 

Méda D., Vendramin P., 2013, Réinventer le travail, Paris, Presses universitaires de France.

 

Rabinbach A., 2004, Le moteur humain. L’énergie, la fatigue et les origines de la modernité, Paris, La fabrique

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Calendrier Date limite de retour des propositions de communication :
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Le comité organisateur attend les propositions des doctorant.e.s pour le lundi 23 mars 2020 au plus tard, sous forme d’un dossier PDF à adresser à jorge.valdenebro-sanchez@univlorraine.fr.

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Ce dossier comprendra les coordonnées personnelles du/de la doctorant.e (nom, prénom, université de rattachement, laboratoire ainsi que votre année de thèse), un exposé d’une page (3000 signes maximum), un bref curriculum vitae (2000 signes maximum) ainsi qu’une bibliographie d’une dizaine de titres.

 

Les doctorant.e.s seront informé.e.s de la pertinence de leur communication fin mars 2020.

 

Les informations concernant les modalités sur place seront communiquées ultérieurement.

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Comité scientifique de la Journée Doctorale

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Di FAN

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Doctorante, ARCHE, Université de Strasbourg

Céline HACHET

Doctorante, Université de Lorraine

Mathilde IGIER

Doctorante, Université de Lorraine

Nestor LOVERA

Doctorant, Université de Reims Champagne-Ardenne

Dorian MARCHAIS

Doctorant, Université de Reims Champagne-Ardenne

Manu NAVARRO

Doctorant, Université de Reims Champagne-Ardenne

Ibrahima SOUARE

Doctorant, Université de Lorraine

Raquel TRUJILLO

Doctorante, Université de Lorraine

Jorge VALDENEBRO SANCHEZ

Doctorant, Université de Lorraine

Mathias VALVERDE

Doctorant, ARCHE, Université de Strasbourg

Thibaut VETTER

Doctorant, ARCHE, Université de Strasbourg

Cécile BERTRAND-DAGENBACH

Université de Lorraine (Nancy)

Maurice BLANC

Université de Lorraine (Nancy)

Anne-Marie CHABROLLE

Université de Lorraine (Nancy)

William GASPARINI

Université de Strasbourg

Philippe ODOU

Université de Reims Champagne-Ardenne

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